Analyse : La séparation dans l'art et la culture

La séparation dans Café de Flore de Jean-Marc Vallée, Une séparation d'Asghar Farhadi et Territoire de la lumière de Yûko Tsushima
           
À l'échelle planétaire, la transformation des valeurs et des normes se répercute sur la structure familiale.[1] La séparation est ainsi devenue préoccupante pour les sociétés modernes. Encore contesté dans plusieurs pays malgré son récent accroissement, le divorce fait l'objet de débats éthiques, religieux et juridiques. La manière de percevoir et de surmonter une séparation peut varier, qu'elle soit vécue dans un contexte facilitant comme dans le film franco-québécois Café de Flore, ou dans un milieu conservateur restrictif tel que présenté dans la production filmique Une séparation et le roman japonais Territoire de la lumière. L'analyse comparative de ces trois oeuvres contemporaines illustre les conséquences de la rupture sur la famille.

Nina Jackson, Jean-Marc Vallée
La production cinématographique franco-québécoise de Jean-Marc Vallée, Café de Flore (2011), accumule prix Génie, Jutra et autres reconnaissances internationales. À travers les univers entrecroisés d'un Montréalais peinant à guérir d'une séparation et celui d'une Parisienne dévouée à son fils trisomique, l'amour triomphe. L'étude de la guérison des personnages s'articulera autour de leur psychologie complexe. Le film iranien Une séparation (2011), portrait sociologique de Téhéran réalisé par Asghar Farhadi, aborde le divorce à travers le déchirement d'une société confrontée aux inégalités sociales, au code juridique strict et à l'emprise des religions islamiques. Encensé par la critique, il est primé aux Golden Globes, aux Oscar et obtient l'Ours d'or et d'argent. Cette proposition montre comment les valeurs d'un couple diffèrent, selon l'individu, lorsqu'il est question d'avenir familial. Formée de douze nouvelles, l'oeuvre littéraire Territoire de la lumière (1979) de Yûko Tsushima raconte l'histoire d'une femme récemment séparée qui apprivoise la liberté en se construisant une nouvelle existence autour de sa fille et du rêve. Les mondes que l’auteure crée, à même une société codifiée, ainsi que son style littéraire épuré lui ont valu plusieurs récompenses dont le Prix de la Littérature Féminine au Japon (1978). À travers une relation mère-fille étroite, l'abstrait s'allie au concret pour imager le désespoir.
           
Les causes de la séparation et ses effets sur les anciens partenaires seront abordés à la lumière du processus d'adaptation. De surcroît, les moyens utilisés pour affronter la situation, l'impact de la division familiale sur l'enfant et les proches ainsi que la réussite des démarches seront comparés. L'étude des trois cultures offrira une vue d'ensemble, afin de comprendre les divers cheminements empruntés dans ce processus de deuil.

À l'origine de la séparation
o    Antoine et Carole dans Café de Flore

Café de Flore (2011)
L'éloignement psychologique entre un homme et une femme, parents de deux filles, semble être à l'origine de la rupture. Antoine et Carole, amoureux depuis l'adolescence, restent pourtant convaincus d'être des âmes soeurs, même après leur désunion. De nombreux retours en arrière décrivent l'évolution de leur relation et laissent à réfléchir sur son dénouement. Le travail exigeant du père, présentateur de disques international appelé à voyager, les responsabilités familiales et le quotidien pourraient avoir causé des frictions durant leurs dernières années de vie commune. Silence au lendemain d'une soirée difficile, les deux personnages réfléchissent dos à dos dans la cuisine. La tension est à son comble lorsque Carole, enlaçant celui qu'elle craint de perdre, le supplie à travers ses larmes.
Carole
J'te laisserai pas partir. J'te laisserai pas te faire mal. Toi pis moi c'est pour la vie, tu le sais. J't’ai choisi, tu m'as choisie. On va passer à travers. Si tu tombes, j'te relève. Si j'tombe, tu me relèves. On va s'en sortir. Tu vas voir, les filles vont nous aider, on va réussir. J'te tends la main. Relève-toi s'il te plaît.[2]

Le texte et l'intensité du jeu des acteurs reflètent leur souffrance. La vulnérabilité de la conjointe renvoie à la culpabilité féminine. En effet, les femmes se sentent plus facilement responsables de leurs problèmes de couples que les hommes.[3] Carole semble la première à tenter de se convaincre et de convaincre son allié que leur amour l'emportera. L'image qui apparaît simultanément à cette scène, un Antoine drogué qui tombe dans une piscine, insiste sur son inquiétude de le voir s'effondrer. En contrepartie, un coup de foudre survenu au moment critique de leur relation semble avoir nui au rapprochement espéré. Ce sont probablement les petits désagréments de sa vie qui ont fait qu'Antoine est tombé sous le charme de Rose la première fois qu'il l'a vue. Lors d'une fête, le passionné de musique n'a pu s'empêcher de suivre la belle des yeux. Cette attirance a certainement accentué la distance déjà installée entre sa femme et lui. La possibilité de redécouvrir le bonheur avec une autre personne est invitante. En replaçant les morceaux dans l'ordre, le spectateur comprend que la situation s'est détériorée malgré les personnages.


o    Simin et Nader dans Une séparation

Une séparation (2011)
De son côté, le couple principal d'Une séparation se retrouve en instance de divorce, car les ambitions des conjoints divergent. L'instigatrice de la démarche juridique, Simin, souhaite émigrer pour assurer un meilleur avenir à sa fille Termeh, tandis que son mari refuse de partir. Dès le premier plan, ils apparaissent face au juge, puisqu'incapables de parvenir à un compromis. La femme et l'homme s'adressent à la caméra, appelant l'aide du spectateur placé dans la position de juge. Asghar Farhadi souligne alors l'ambition première de Simin, c'est-à-dire sa volonté d'améliorer les conditions de vie de son enfant. La classe moyenne iranienne se bat ainsi depuis les années 1980 pour acquérir une liberté politique et culturelle. L'État conserve malgré tout une vision théocratique de l'islam qui réprime les mouvements sociaux et nuit à la cause des femmes. Simin représente ces femmes modernes qui se lèvent contre les inégalités, juridiques dans le cas présent.[4] Cette mère priorise le futur bonheur de sa fille au détriment de son mariage. Cette séparation est le seul moyen qu'elle a trouvé pour parvenir à ses fins : c'est le pays qu'elle veut quitter et non son mari, mais en choisissant le départ elle perdra celui qu'elle aime. Quant à lui, Nader doit s'occuper de son père souffrant d’Alzheimer, alors il rejette le divorce en contre-argumentant avec aplomb au discours de Simin. Il trahirait sa propre famille s'il acceptait sa proposition. L'interprétation de Peyman Moadi met en valeur la volonté de l'Iranien de faire entendre raison à sa compagne. Son débit de voix accélère et son ton se durcit lorsqu'il exprime des principes immuables à ses yeux. Néanmoins, le père de Termeh est conscient qu’il ne peut contraindre sa femme à rester. Cette marque de respect insiste sur l'amour encore vivant, malgré leur différend. La justice iranienne se montre finalement impuissante devant pareil conflit. Enfin, le juge considère que la motivation de Simin pour mettre fin au mariage est minime et que Termeh serait plus heureuse à Téhéran avec ses deux parents qu'ailleurs sans son père.

o    Monsieur et madame Fujino dans Territoire de la lumière

Territoire de la lumière (1979)
L'échec amoureux dans le roman Territoire de la lumière semble associé à la transformation du couple au fil des années. Se fréquentant d'abord durant leur jeunesse, ils deviennent ensuite parents, tout en continuant à travailler. Ils se sont vraisemblablement perdus de vue. Le rythme de vie stressant du Japon peut s'avérer difficile à supporter pour la famille nucléaire. Les absences de l'homme ou encore des déménagements répétitifs en raison du travail sont susceptibles d'installer une distance entre les partenaires de vie.[5] En réalité, Fujino a laissé la narratrice parce qu'il avait envie de poursuivre son chemin en solitaire : « [La] séparation était la seule issue possible s'il voulait se sortir de l'impasse où il se trouvait. »[6] Il s'est libéré de ses responsabilités de mari et de père au profit de son bonheur personnel. Avant de partir, il s'est montré contrôlant lorsqu'est venu le temps de trouver un nouvel appartement pour femme et enfant. Il a refusé de concéder la liberté à sa conjointe en la rabaissant : « “Toute seule, tu te ferais immédiatement avoir. D'ailleurs, je ne pourrais pas dormir sur mes deux oreilles si tu t'installais dans un endroit louche. Allez, laisse-moi faire.” » Quand il apprend qu'elle s'est organisée seule, il s'offusque, car il réalise qu'il n'aura plus d'emprise sur elle.

o    Comparaison

Selon les moeurs et idéaux de la société dans laquelle la crise est vécue, plusieurs facteurs interreliés comme les influences du milieu, la divergence d'opinions ou la transformation de la personnalité peuvent l’expliquer. Les trois oeuvres mettent en valeur la complexité du problème, ou plutôt des problèmes à l'origine d'une rupture, car ils sont souvent plusieurs et influent les uns sur les autres. Café de Flore et Territoire de la lumière proposent que l'instabilité conjugale soit liée aux récentes modifications des rapports sociaux. Par exemple, la mentalité québécoise tendant à dissocier couple et vie familiale, sexualité et procréation, mène à un resserrement de la famille autour de l'enfant et de sa fonction relationnelle.[7] Un phénomène semblable s'observe chez les Japonais qui accordent moins d'importance à l'union conjugale, à l'amour, à la sexualité et à la fidélité qu'à l'entente par rapport à l'éducation des enfants et à la sécurité financière.[8] Ainsi, l'amour des couples québécois et japonais aurait faibli sous le poids de la pression extérieure. Le réalisateur d'Une séparation suggère que l'éclatement des rêves communs puisse pousser deux êtres à rompre le mariage. Nader et sa conjointe se retrouvent dans un conflit de valeurs auquel seul le divorce peut mettre un terme. Vouloir fuir un pays gouverné par les religions islamiques, brimant la liberté et maintenant la discrimination envers les femmes sur le plan professionnel, social et familial correspond au motif évoqué à travers le discours de Simin.[9] Peu importe le contexte social, les convictions ou le nombre d'années vécues en couple, la séparation est envisagée quand les visions ne se rejoignent plus. Si partager un lien de proximité n'est plus possible en raison de la dissidence des idées, la vie à deux est en péril. À l'évidence, tous les personnages étudiés n'envisagent plus l'avenir de même manière que leur compagnon.

Vivre une séparation selon celui ou celle qui met fin à l'union
o   Celui prend la décision dans Café de Flore

Sébastien Raymond, Café de Flore,
Antoine et Rose
Antoine, malgré l'amour qu'il porte à Rose, continue de ressentir le vide laissé par la mère de ses enfants longtemps après s'être séparé. Selon certaines études, le sentiment d'affection envers l'ex-conjoint diminue d'intensité lorsque l'amour se présente de nouveau. Avec le temps, ce statut apporterait tranquillement bonheur, optimisme, vie sociale plus active, ainsi que confiance en soi et en l'avenir. L'ensemble du processus de guérison peut cependant durer de trois à quatre années et seulement certains sont prêts à s'engager aussi rapidement. Toutefois, Antoine ne réussit pas encore à voir son divorce de manière positive, bien qu'il se soit remis en couple.[10] Il tente de s'évader à travers la musique et de dialoguer avec un psychologue pour soulager sa peine. À quelques moments durant le long métrage, les discussions avec le spécialiste viennent entrecouper les scènes. Antoine met alors directement les mots sur la tristesse. Sa crainte d'avoir commis une erreur en laissant Carole l'empêche de s'accorder entièrement droit au bonheur. Sa culpabilité envers cette décision et ses répercussions sur sa famille lui donnent même l'impression de ne plus mériter de vivre parfois. Chanson, photos, enfants, souvenirs, tout le ramène à elle, tandis qu'il lutte désespérément pour regarder en avant. Même lorsqu'il est dans son lit avec sa nouvelle amoureuse, il hallucine, croyant voir son ex-femme qui l'observe dans l'embrasure de la porte. Il est désillusionné et perd confiance en l'avenir, sa vision de l'amour étant remise en question. Durant vingt ans, il a toujours cru que Carole était son âme soeur, mais aujourd'hui il en a rencontré une autre. Le jeu de Kevin Parent souligne le malaise du personnage lorsqu'il est en présence de celle-ci. Un mélange d'attirance, de pudeur et de respect s'est installé entre eux, bien que les deux peinent à se relever d'une épreuve commune. Le désespoir du père se manifeste lorsqu'il est dans son véhicule après être allé chercher les souliers de sa fille chez Carole. Des images de lui, contrarié à deux moments de sa vie, sont insérées à cet instant : adolescent, il crie face à la caméra, puis, adulte, il hurle devant l'ordinateur avec lequel il compose ses montages sonores. L'écran revient ensuite à Antoine dans sa voiture. Le parallèle qui s'établit entre sa souffrance actuelle et celle d'autrefois appuie sur ses frustrations concernant son couple. Ce procédé cinématographique crée un effet d'accumulation permettant d'illustrer un trop-plein d'émotions. Les pensées d'Antoine se font bientôt entendre en voix off : « J'ai l'goût d'fesser, d'frapper des fois. Tu peux pas savoir... » Puis, ses larmes montent au son d'une chanson : « Y m'font du bien eux autres... On dirait qu'y font d'la musique juste pour moi. »[11] Ce court instant est percutant puisque c'est l'un des rares moments où l'homme se retrouve seul et peut pleurer librement. L'opposition entre son extrême affliction et l'apaisement procuré par la musique reflète son déchirement entre regret et plaisir ou passé et présent. La musique est bénéfique pour Antoine parce qu'elle le soulage. Le cinéaste met aussi en relief les émotions contradictoires qui s'imposent durant la période de l'acceptation. Le musicien doit faire la paix avec sa décision, afin de s'adapter à l'absence de Carole et de reprendre confiance en lui.

o   Celle qui prend la décision dans Une séparation

Pour Simin, la séparation est un appel au changement, à une réforme sociale et politique. Sa démarche lui permettra d'accéder à une vie meilleure, ailleurs qu'en Iran. Elle est consciente que c'est aussi un moyen absurde de mettre fin au conflit en divisant les parties définitivement, mais elle s'y résout, étant donné que son mari refuse de partir. Cette mère est profondément consternée, dans la seconde scène, d'être obligée de quitter le domicile familial pour que la lutte cesse. Elle affiche une grande détermination dans la préparation de ses bagages, paraissant convaincue de sa décision. Néanmoins, les regards qu'elle pose sur Termeh et son beau-père renvoient à sa difficulté de faire du mal aux autres en les laissant derrière. Devant son mari devenu adversaire, elle s'oblige à paraître forte, probablement pour gagner en crédibilité et être prise au sérieux. Ce n'est qu'une fois seule dans sa voiture que ses émotions prennent le dessus. À ce moment, elle sait que plus rien ne sera comme avant et que les conséquences pour chacun des membres de la famille seront énormes. L'amour n'est dorénavant plus suffisant pour la garder auprès de son mari. Cette vulnérabilité exposée à la vue du spectateur lui rappelle qu'aucun dilemme moral n'est facile à régler et qu'il ne faut pas oublier les êtres humains derrière les principes défendus. Par ailleurs, cette femme libre ne se gêne pas pour confronter sans cesse son mari en remettant en question ce qu'il avance. À travers le second procès qui vient complexifier l'enjeu central, elle s'oppose radicalement à son mari par le fait qu'il accorde trop d'importance à son honneur. Des suites de l'incarcération de Nader qui aurait, semble-t-il, provoqué la fausse couche de Razieh en la poussant, l'homme et sa conjointe se retrouvent à la cuisine pour discuter. Leurs reproches mutuels trouvent écho dans les deux contextes : leur divorce et la poursuite de Razieh. La femme, souhaitant clore le second dossier, rappelle à Nader qu'il a eu besoin d'elle pour se sortir du pétrin. En fait, c'est elle qui a payé sa caution. Simin pique directement son orgueil pour lui faire entendre raison. La possibilité qu'elle lui soit indispensable est sous-entendue dans son propos. Ainsi, elle désire remettre en question l'idée qu'il se fait de la vie sans elle, et sa décision de s'opposer à confier son père à quelqu'un d'autre. Chacun interprète les actions de l'autre de manière à le rabaisser, creusant la distance déjà installée entre eux. Tout au long de leurs échanges, Simin paraît plus ouverte, s'adressant directement à Nader en le regardant, tandis qu'il s'affaire dans la cuisine. Elle se préparait même à revenir à la maison, vers la fin du film, selon les dires de l'enfant. L'absence de témoignages d'affection de son mari la déçoit certainement. Il serait facile de croire qu'elle espère un mouvement de sa part pour la retenir ou simplement pour l'aider à partir avec le sentiment d'être appréciée.

o   Celui qui prend la décision dans Territoire de la lumière


Yûko Tsushima
Monsieur Fujino, le mari de la narratrice, désire que sa femme lui témoigne du respect, bien qu'il vienne de quitter subitement la maison et de refaire sa vie ailleurs. Il insiste pour conserver son statut de mari et de père, tandis qu'il s'exclut lui-même, donnant peu d'explications et de nouvelles à sa conjointe. Cet espoir de pouvoir réfère possiblement à la hiérarchie familiale orientale qui présentait autrefois l'homme en chef de famille et la femme en mère uniquement. L'ie, forme traditionnelle de la famille japonaise, a évolué depuis les années 1950 vers la famille nucléaire, mais ce modèle reste le fondement de l'identité japonaise et perdure encore.[12] Autrefois, ce terme référait au sens large de la famille : sa structure, son patrimoine, les activités qui y étaient associées et les liens de parenté. Dans l'oeuvre étudiée, par ailleurs, il faut dire que l'homme se trouve dans une situation financière précaire qui l'oblige à s'en remettre à la narratrice. Impossible pour lui de subvenir aux besoins familiaux. Il semble alors avoir peu à offrir pour les exigences qu'il formule : autorité sur femme et enfant, droit de regard sur leur existence, etc. Ultérieurement à la demande de divorce, déposée par l'héroïne et rejetée par Fujino, les parents s’engagent dans des discussions tendues. Manipulation et confrontation sont aux rendez-vous. Fujino lance des reproches à celle qu'il a abandonnée : « “Comme tu as changé! Mais qui était donc celle que j'ai connue?” [...] “Ne crois-tu pas que tu es encore moins recommandable que moi? Tu espères tirer avantage de la conciliation, mais as-tu imaginé que je pourrais aller raconter là-bas quelle espèce de mauvaise mère tu fais? ..]" »[13] Se sentant menacé, tenu à l'écart, Fujino exprime ici son incompréhension face aux agissements d'une personne qu'il ne reconnaît plus. Il fait allusion au comportement irresponsable de sa femme qu'il a vu se transformer depuis qu'ils ne sont plus ensemble. Fujino sait qu'elle néglige sa fille, sortant dans le soir et noyant sa peine dans l'alcool, parce qu'une nuit où il l'attendait devant chez elle, il l'a vue revenir ivre. Le mari se retrouve devant une étrangère, car la femme qui est devant lui n'est plus docile comme autrefois. À sa grande surprise et contrairement à son ancienne habitude, elle conteste ses décisions. L'homme n'avait pas réalisé que son départ contribuerait à l'émancipation de madame Fujino. Il n'avait probablement pas envisagé ce changement d'attitude, car il tenait pour acquis la fidélité de la narratrice. Finalement, il se soucie moins du bien-être de son ancienne partenaire que de celui de sa fille.

o   Comparaison

Antoine, Fujino et Simin décident de mettre fin à leur union, sentant l'appel de l'ailleurs. Une attirance pour une vie meilleure pour l'inconnu et le renouveau les motive à dévier de leur chemin initial. Au fil du temps, les premiers ont sans doute perdu de vue les femmes qu'ils aimaient derrière les mères qu'elles sont devenues. Le travail, les enfants et la routine ont certainement dilué l'amour qu'ils leur portaient. Les deux hommes trouvent de nouvelles compagnes assez rapidement, tandis que celles qu'ils ont quittées demeurent célibataires. Antoine et Fugino illustrent la tendance des hommes à s'unir plus rapidement que les femmes après un divorce.[14] Ils se construisent un nouveau réseau social plus rapidement que leur ex-conjointe, mais souffrent vraisemblablement tout autant de leur côté. Simin, elle, entend la promesse de meilleures conditions de vie à l'étranger. Elle souhaite briser les liens de son mariage pour bénéficier d'une liberté juridique et pouvoir quitter Téhéran. Elle voudrait que Nader l'accompagne, car elle l'aime encore et désirerait qu'ensemble ils bâtissent un autre avenir pour leur enfant. Le réalisateur de cette production sous-entend que sans cette mésentente, le couple aurait plausiblement survécu, du moins, jusqu'à ce que leurs convictions divergent. Sans cette nécessité de demander le divorce, peut-être que Simin serait partie plus rapidement en préservant le lien qui l'unit à Nader. L'analyse des trois personnages révèle que même ceux qui laissent l'autre ont un deuil à faire.

Vivre une séparation selon celui ou celle qui s'y soumet
o   Celle qui est laissée dans Café de Flore

Sébastien Raymond, Café de Flore,
Jacqueline et son fils trisomique
Deux ans après qu'Antoine l'ait quittée, Carole cherche à comprendre pourquoi elle sent que son destin est toujours lié à lui. Le rêve et ses significations s'imposent comme symbole spirituel important aux yeux de cet être fragilisé par l'épreuve. Cette femme va même jusqu'à consommer de la drogue, croyant que cela l'aide à dormir alors que ces substances alimentent ses terreurs nocturnes. Tout au long du film, Vallée présente un rêve récurrent, comme Carole le vit, c'est-à-dire en le détaillant davantage chaque fois qu'il se répète. Il recrée l'état de panique dans lequel elle se trouve en ajoutant des effets sonores et une lumière surnaturelle. Le spectateur y voit d'abord une Carole paniquée au volant de sa voiture. Le destinataire est le seul à mesurer l'ampleur de ses souffrances en ayant accès à ses démons intérieurs. Les crises de somnambulisme préoccupent Antoine, mais surtout ses filles qui assistent à des scènes troublantes chaque nuit qu'elles passent avec elle. C'est la présence d'un enfant trisomique dans la voiture de son rêve qui pousse la mère à aller rencontrer un médium. Elle trouve alors les réponses qu'elle cherchait par elle-même en accédant à ses vies antérieures. Le lien entre les deux histoires, celle d'Antoine et de Carole ainsi que celle de la Parisienne et de son fils handicapé, se révèle à travers le montage en parallèle. Le second récit apparaît comme l'allégorie d'une vie antérieure du couple montréalais. Chaque personnage trouve son alter ego dans l'autre temps : Carole est incarnée par Jacqueline, une mère étouffante, Antoine est lié au jeune mongolien amoureux de la petite Véronique, qui elle est le double de Rose, la nouvelle blonde d’Antoine. Lorsque Carole comprend qu'elle aurait été la mère meurtrière d'Antoine auparavant, elle sait qu'il est temps qu'elle le laisser partir. En voyant la mère qu'elle était entraîner son fils, la nouvelle amie de celui-ci et elle-même dans un accident de voiture fatal prémédité, elle est bouleversée. Elle décèle dans cette image le mal qu'elle ferait à son ancien partenaire en le gardant prisonnier d'un amour impossible. Jacqueline tue parce qu'elle refuse que l'amour de son fils ne soit pas exclusif. La violence de cette vision remplit la mère d'Angéline d'une grande culpabilité. Elle s'en veut d'avoir en elle une part de cette femme aliénée. L'une des scènes clés du film la montre en larmes, enlaçant Antoine et le suppliant de lui pardonner pour ces gestes qu'elle aurait pu commettre une seconde fois. Le respect qui transparaît dans la communion de ses deux êtres, auxquels vient s'ajouter Rose, traduit la solidarité humaine et la naissance d'un amour nouveau entre trois personnes.

o   Celui qui est laissé dans Une séparation

Une séparation,
Nader et son père
Nader accorde le divorce à sa femme parce qu'il ne se donne pas le droit de l'empêcher de partir. Seulement, il voit dans cette procédure un désir de fuir devant les problèmes. À première vue, son détachement face au départ de sa femme est susceptible d'être interprété comme de l'indifférence. Il s'y reflète plutôt le combat intérieur d'un homme confronté à choisir entre loyauté familiale ou loyauté conjugale. Il se fait finalement un devoir de rester intègre, priorisant son père malade. L'Iranien présente une résistance passive dans le conflit, donc se retrouve toujours sur la défensive. Durant les procès, comme lorsqu'il discute avec Simin, il cherche toujours à se protéger, en s'efforçant à préserver son image, en trafiquant la réalité ou en manipulant son opposant. Par exemple, il emploie l'ironie et retourne à l'autre les questions qui lui sont posées. Il évite ainsi de se mouiller. Le dialogue en Simin et lui dans la situation initiale illustre comment lui-même craint le danger.
           
            Au tribunal, devant le juge spectateur.

            Simin : « Tu pars avec moi? »
            Nader : « Non. »
            Simin : « Pourquoi, M. le juge? »
            Nader : « Tu le sais très bien! »
            Simin : « Je ne le sais pas. Explique-moi encore. »
            Nader : « Qu'elle me dise pourquoi on devrait partir à l'étranger. »
            Simin : « Et pourquoi rester? »
            Nader : « Pour mille raisons. »
            Simin : « Donne-m'en une. »
            Nader : « Mon père. Je ne veux pas l'abandonner. »
            Simin : « Mais ta femme, oui. »
            Nader : « Je ne t'abandonne pas. C'est toi qui me traînes ici. Tu veux divorcer. »[15]

Lorsque sa femme l'interroge, il refuse de fournir une réponse claire. Cette attitude souligne son hésitation. Il ne peut fournir d'explication, car il est incertain, comme tous les personnages d'Une séparation, d'ailleurs, qui se demandent si leurs actes sont immoraux. Fuyant le regard de Simin chaque fois qu'elle intervient, il manifeste son incapacité à faire face hors de tout doute aux idées de l'autre. Il pense obtenir les faveurs du juge, remettant entre les mains de sa femme le soin de s'empêtrer dans les explications. Dans les dernières phrases échangées, Nader exprime l'idée que le divorce soit uniquement la responsabilité de Simin. Il n'a pas à se reprocher de la délaisser, selon lui, du fait que c’est elle qui veut partir. Ce passage met en évidence la division radicale des pensées. Ce que l'homme ne comprend pas, c'est que même s'il ne l'abandonne pas physiquement, il l'abandonne moralement en se détournant d'elle. Trop émotionnellement concerné par l'Alzeimer de son parent, il ne revient pas sur son point de vue et ne tente pas de convaincre sa femme de rester.

o   Celle qui est laissée dans Territoire de la lumière

 L'héroïne s'invente un nouveau mode de vie en l'absence de son mari. D'abord, cette nouvelle locataire tente de faire taire le passé et de retrouver ses repères en réorganisant son horaire selon ses nouvelles responsabilités de mère monoparentale. Sa mère et la crèche[16] sont d'une grande aide, car elles lui permettent de travailler et de s'occuper d'elle en gardant la petite fille de la narratrice. De plus, le personnage féminin fait peau neuve après avoir revisité la période de l'enfance et de l'adolescence. L'écrivain aborde, par conséquent, les stades de restructuration, d'adaptation et de rétablissement, essentiels au deuil d'amour, sous l'image d'une renaissance. La vulnérabilité de la Japonaise la mène à développer une attitude enfantine : naïveté, émerveillement devant la beauté du monde, violence envers elle-même et ses proches ou encore attente d'une solution miraculeuse à ses problèmes. Dans le troisième chapitre « Le dimanche aux arbres », l'héroïne redécouvre les arbres dans le jardin près de chez elle : « Plus que de ne pas les avoir vus auparavant, c’était leur présence devant mes yeux qui me surprenait. Leurs branchages se perdaient dans les hauteurs. Les rameaux se dressaient, fins et droits, et j’éprouvais une certaine appréhension comme si j’allais être soulevée de terre et aspirée directement vers le ciel tendre, rempli de lumière. »[17] Elle éprouve une joie nouvelle à la vue de ce coin de verdure. Une comparaison permet de rapprocher son bonheur à celui d'un enfant qui réussirait à s'envoler. Son imagination lui permet de fuir ses problèmes pour supporter le célibat et lui donner sens. Par la suite, l'adolescente se manifeste en elle, dans la réalité comme dans le rêve, pour la forcer à oublier sa solitude et à se révolter contre les normes imposées par son ancienne vie. Elle profite alors de sa récente indépendance pour sortir dans les bars, s’enivrer, fréquenter de nouvelles personnes; amis et amants. Elle redécouvre les joies auxquelles elle n'avait pas droit : « Dans mes rêves, je choisissais à mon gré parmi de vagues connaissances un maître du cours privé que j'avais fréquenté dans mon enfance, un cousin éloigné, un professeur [...] ce qui se passait entre nous était à la fois différent, mais le plaisir, ce plaisir resplendissant d'une terreur intacte, était toujours le même. »[18] Elle affirme ses désirs et ses besoins à travers des rêves qui lui permettent d'envisager une nouvelle sexualité avec d'autres partenaires. La métaphore et l'oxymore « ce plaisir resplendissant d'une terreur intacte » semblent faire référence à sa peur de l'inconnu associé à l'acte de l'amour. L'excitation qui l'habite ressemble à celle d'une adolescente qui découvre le plaisir sexuel. Dans un autre ordre d'idées, un manque de confiance se manifeste devant l'inconnu auquel est confronté le personnage. Cela est bien connu, une faible estime amoindrit la capacité de résilience, tandis que la confiance en ses capacités offre un plus grand contrôle sur sa vie. Une faible estime de soi, comme dans le cas présent, nuit à une vie sociale active, donc au détachement envers l'ancien partenaire.[19] Madame Fujino se revoit enfant dans ses rêves : « Comme je criais : pardonnez-moi! une de mes anciennes camarades de lycée leva la tête vers mon étoile et me demanda : “Pourquoi es-tu si nulle?” »[20] Ce parallèle avec sa situation actuelle montre que ses sentiments d'échec, de culpabilité et d'infériorité l'oppressent à un point tel qu'ils peuplent ses nuits. L'opposante peut être perçue comme l'allégorie de sa propre conscience. Elle se punit elle-même à travers son sommeil en formulant à son endroit une remarque assassine. Enfin, la femme reprend contact avec la réalité, perçoit les gestes irrationnels qu'elle a commis : violence, beuveries, négligence parentale, etc. Le passage d'un appartement à un autre montre le début de sa nouvelle vie. En s'ouvrant au monde et allant vers les autres, elle réalise qu'elle n'est pas la seule mère monoparentale. Ce constat la soulage et la fait se sentir moins seule. Désormais, ayant retrouvé la raison, elle n'en veut plus à son mari, mais souffre toujours de l'avoir perdu.

o   Comparaison

Une séparation,
Simin et Nader (scène 1)
Les personnages qui subissent la décision de leur partenaire se retrouvent tous dans l'incompréhension. Dans un premier temps, Carole et madame Fujino comme Nader ne conçoivent pas la séparation comme solution, mais y voient plutôt un non-sens. Un parallèle s'impose entre les femmes qui trouvent des moyens de guérison similaires. Toutes les deux ont un criant besoin de fuir la réalité pour mieux l'interpréter. Elles obtiennent les réponses salvatrices qui leur permettent de pardonner et de s'affirmer en s'accrochant aux symboles du rêve. C'est en perdant contact avec leur quotidien, à travers la découverte de l'alcool pour la Japonaise ou de la drogue pour Carole entre autres, qu'elles se libèrent. Ce processus leur apprend à gérer leur peine, leur frustration, leur anxiété ainsi que leur sentiment de rejet et de perte pour reprendre le contrôle sur leur existence.[21] L'homme est dans une situation plus délicate puisqu'il est éprouvé avant tout dans une lutte éthique. Pour autoriser Simin à émigrer, il doit consentir au divorce. Cela revient à accepter devant la justice une solution qui contrevient à certaines de ses valeurs. Aussi, les conséquences de cette séparation semblent beaucoup plus lourdes que celles liées à Café de Flore et à Territoire de la lumière, car il pourrait ne plus jamais revoir et sa femme et sa fille.


L'impact de la séparation sur les enfants et les proches
o    L'adolescente et le père d'Antoine dans Café de Flore

L'adolescente et le père d'Antoine manifestent leur désaccord face à la séparation du couple. Contrairement à sa jeune soeur qui semble se plaire dans sa nouvelle famille recomposée, Angéline résiste et se révolte, de manière douce toutefois, contre une situation qu'elle n'a pas choisie. En fait, elle tient Antoine responsable de la rupture et lui exprime son mécontentement en faisant sans cesse jouer de la musique qui lui rappelle Carole ou en l'insultant. Se tenant à l'écart, elle souffre de voir que Rose remplace sa mère aux côtés de son père. L'utilisation d'une caméra subjective, lors de la célébration du Nouvel An, montre que la jeune fille juge sévèrement sa nouvelle belle-mère selon son apparence. Antoine est donc préoccupé de la voir souhaiter que ses parents reviennent ensemble encore après deux ans, mais est conscient que l'adaptation est une période difficile pour tous. L'accompagnement que Carole et lui offrent à Angéline laisse croire que la jeune fille s'en sortira sans trouble de comportement, comme la plupart des adolescents.[22] Aussi, le père d'Antoine prend ouvertement la défense de Carole pour que son fils retourne auprès d'elle. Sa femme et lui s'y étaient attachés, entretenant avec elle une relation privilégiée depuis une vingtaine d'années. Lors des fêtes familiales, l’homme ne se gêne pas pour donner son opinion devant tout le monde. Il injurie directement Antoine à travers sa bénédiction. Le grand-père trouve que son fils néglige ses responsabilités et brise sa famille en préférant Rose à Carole. Finalement, sa présence lors du mariage d'Antoine et de sa nouvelle flamme porte à croire qu'il a franchi la première étape de l'acceptation, bien que la mère de ses petites filles reste sa favorite.

o    La fille de Simin et Nader dans Une séparation


Une séparation,
Termeh
La fille de Simin et Nader, Termeh, âgée de presque onze ans, se retrouve coincée entre ses deux parents durant les procédures de divorce. Figure centrale de l'oeuvre, elle est constamment déchirée entre son père et sa mère. L'enfant blâme ses parents, à tour de rôle, pour les choix qu'ils lui imposent de faire dans un contexte de crise. Lorsque Simin quitte la maison pour aller vivre chez ses parents au début du film, Termeh reste avec son père, croyant à un départ temporaire. Nader est bientôt accusé d'être à l'origine de la fausse-couche de Razieh, une aide-soignante engagée pour s'occuper de son père lorsque lui-même travaille. Dans la salle d'attente du tribunal, Termeh laisse entendre qu'elle s'ennuie de sa mère en discutant avec Nader.
            Termeh : Tu lui demanderas de revenir?
            Nader : Elle croira que c'est à cause de la caution.
            Termeh : Et alors?
           
            Nader réfléchit, semble plus ou moins d'accord.
           
            Termeh : Papa, je t'en supplie.
            Nader : D'accord.
            Termeh : Juré craché?
           
            Nader lève la main en signe de promesse. [23]

La préadolescente, contrairement à Nader, avoue avoir besoin de Simin. Son désir de vivre avec ses deux parents l'emporte : toutes les raisons sont favorables au retour de sa mère, que ce soit son amour pour elle ou le procès de Nader. L'important pour Termeh, c'est de revoir sa famille unie, peu importe les moyens à prendre pour y arriver. Elle reproche par ailleurs à celle-ci d'être à l'origine des problèmes familiaux et de la crise juridique dans laquelle Nader est impliquée. En réalité, puisque c'est sa mère qui a accompli des gestes concrets, demande de divorce et déménagement chez ses parents, elle la juge sévèrement. Selon la logique de l'enfant, sans ce passage à l'acte, l'aide-soignante n'aurait jamais été engagée, donc leur bonheur aurait été préservé. Termeh, d'autre part, ne ménage pas non plus son père qu'elle confronte continuellement. Elle lui fait habilement prendre conscience qu'il bafoue les valeurs qu’il lui a inculquées, l'honnêteté par exemple. Par conséquent, après avoir été forcée à mentir pour l'innocenter, elle se fâche contre lui. Elle saisit l'ampleur du conflit conjugal quand son père lui avoue que la mésentente entre sa mère et lui est plus sérieuse qu'il l'avait laissé entendre. Le spectateur perçoit alors la rage et la déception dirigées contre celui qui n'a pas su faire de concessions, tandis que sa femme paraissait prête à revenir à la maison. C'est en larmes que la fille va habiter avec sa mère jusqu'à ce que la situation s'améliore. Au final, tous trois se retrouvent face au juge pour déterminer avec qui Termeh vivra et ce qu'il adviendra du mariage. Alors qu'aucun adulte n'a trouvé de solution, la décision dont tous ressortiront meurtris incombe à l'enfant. Une forme de déresponsabilisation apparaît dans cette scène où Simin et Nader placent l'avenir de leur famille entre les mains de leur fille de dix ans. C'est une Termeh impuissante qui tente de contenir sa peine devant le spectateur-juge, incapable de préférer un parent à l'autre. Farhadi conclut sur un silence, mettant l'accent sur la victime principale du drame. Le soin d'imaginer la discussion que Termeh a avec le juge, une fois ses parents sortis de la pièce, reste libre d'interprétation. Chose certaine, qu'elle décide de rester ou de partir avec sa mère, la jeune fille entre dans un processus de guérison pénible, nécessitant l'appui de ses proches. Elle devra d'abord s'adapter à la nouvelle situation, quelle qu'elle soit, puis comprendre qu'elle n'a rien à se reprocher, s'étant retrouvée devant un dilemme moral accablant pour quiconque. Ensuite, pardonner à ses parents et réapprendre à faire confiance pourra être envisageable. De lourdes pertes feront à jamais partie du passé de cette enfant qui a dû abdiquer ses idéaux par amour.

o    La fille de la narratrice dans Territoire de la lumière

Même si elle ne semble pas prendre conscience de sa nouvelle situation familiale en raison de ses trois printemps, l'enfant présente un déséquilibre psychologique certainement associé aux bouleversements qu'elle subit. Elle est directement secouée par le traumatisme que vit sa mère, avec qui elle passe tout son temps depuis le départ de son père. N'ayant plus le cadre de vie rassurant d'autrefois, routine établie par un horaire fixe, vie sociale active et famille unie, son comportement change complètement. L'institutrice note que la petite s'isole, est violente avec les autres enfants et refuse de manger : nombre de réactions attribuables à l'absence de Fujino selon elle. Quant aux spécialistes, ils proposent d'envoyer l'enfant dans une vraie famille pour qu'elle retrouve l'équilibre qu’elle avait auparavant. Le lecteur assiste donc, au cours du récit, à la fragilisation d'une petite fille qui se voit à sa peur de perdre son seul parent restant. Cette crainte, elle, se manifeste à travers crises nocturnes et accès de colère. Les troubles de sommeil seraient survenus en réaction à une scène de ménage durant laquelle la fillette a vu sa mère gifler son père. Au fil du temps, l'hypersensibilité que développe la fille de la narratrice devient préoccupante.
[...] son corps était la proie d'accès de colère furieuse, suite à des mécontentements si infimes à mes yeux que je ne me lassais pas de m'en étonner. [...] Sans doute ma fille était-elle trop tendue. Il suffisait peut-être de lui laisser des moments où elle pût rester sans penser à rien, non pas à la crèche, mais dans une maison, pour lui faire retrouver comme par enchantement son équilibre psychologique, puisqu'en somme ce n'était encore qu'une petite fille.[24]

L'enfant est présentée ici comme le miroir de sa mère. En effet, toutes deux partagent une tristesse, une angoisse et des frustrations communes, car elles sont chacune en deuil d'une personne aimée. La plus jeune exprime sa souffrance en se rebellant contre les règles préétablies, soit éviter de faire mal aux autres, être sage en public, écouter sa mère, etc. Elle témoigne par le fait même son mécontentement et rejette une situation qu'elle n'a pas choisie. L'antithèse entre l'intensité de ses manifestations physiques et la superficialité des causes insiste sur la gravité du stress subi. L'auteure met l'accent sur l'importance de la figure paternelle en insistant sur l’instabilité que peut causer l'absence du père. Au Japon, il est fréquent que l'enfant entretienne une relation exclusive et étroite avec sa mère puisque le mari travaille beaucoup. Ce comportement fusionnel, développé en bas âge, expliquerait la tendance des Japonais à avoir une dépendance affective envers les autres dans leur vie adulte.[25] C'est justement un lien de ce type qui devient problématique dans le roman. La fille est opprimée par son parent, sentant qu'il a besoin d'elle pour vivre sa séparation. En lui permettant d'aller coucher chez ses amis, la narratrice lui concède la liberté dont elle avait besoin pour se départir d'un fardeau trop lourd à porter. La mère a cependant encore tendance à s'accrocher à elle pour mieux gérer ses émotions. Par exemple, quand un étudiant qu'elle aimait refuse de venir habiter avec elle, la femme téléphone à son enfant pour reprendre courage. Elle décrit le moment comme suit : « Je n'entendais aucune conversation, aucun bruit de fond en dehors de sa voix. Il me semblait qu'hormis elle, tout le reste avait disparu du monde à l'autre bout du fil. Seule elle surnageait à la surface de la mer [...] Devant la distance réelle qui nous séparait ainsi, je ressentais une telle paix qu'elle dilatait mon corps. »[26] L'amour partagé par la mère et son enfant soulage l'adulte seulement, et ce temporairement. La voix et la présence de sa fille lui procurent un bien-être physique, mais ne l'aident pas à guérir psychologiquement. Parallèlement, cette relation fusionnelle maintient l'enfant dans une position indésirable qui pourrait lui faire développer des troubles affectifs ou comportementaux. Le lecteur imagine, malgré tout, que la fillette surmontera l'épreuve, à la lumière des progrès qu'elle fait; c'est-à-dire retrouver l'appétit, le sommeil et l’énergie perdue. Toutefois, la relation mère-fille reste à surveiller tout comme l'attachement au père qui refera probablement surface.

o    Comparaison

Asgar Farhadi,
Oscar du meilleur film
en langue étrangère 2012
Vallée, Farhadi et Tsushima brossent un portrait crédible des conséquences de la désunion sur la famille. Ils ne sont pas sans nier la vulnérabilité des enfants qui, injustement, doivent s'accorder à cette décision parentale. Comme pour les adultes, certains sont plus ébranlés, se retrouvant avec de lourdes responsabilités sur les épaules. Leurs rôles dans ce processus devraient, à l'inverse, se résumer à s'adapter du mieux qu'ils peuvent aux changements survenus. Café de Flore reflète bien la situation de nombreuses familles québécoises. Pour cette société centrée sur l'enfant, le bien-être de ce dernier fait partie des préoccupations culturelles prioritaires, surtout quand la famille recomposée apparaît. Le film montre comment l'encadrement parental aide l'adolescent à traverser cette période tout aussi éprouvante pour lui.[27] Le réalisateur iranien offre une vision contrastante dans laquelle l'enfant, toujours au centre des préoccupations, est poussé à intervenir pour mettre fin à la confrontation. Les parents de Termeh veulent son bien, mais chacun propose une solution contraire. En lui demandant avec qui elle souhaite vivre, le juge et ces derniers la placent, sans le vouloir, dans la posture inconfortable qu'ils occupaient depuis le début de l'histoire. Le roman, quant à lui, suggère que l'enfant puisse devenir le moyen de survie d'un parent souffrant. Étouffée par sa mère qui s'accroche à elle pour vivre sa détresse et brimée dans ses libertés par le fait même, la petite fille peine à s'adapter au changement. Ce n'est que lorsqu'elle redevient une enfant aux yeux de la narratrice qu'elle est apaisée.

Retrouver le bonheur
o   Comparaison

Sébastien Raymond, Café de Flore,
Antoine, Carole et Rose
Plusieurs paramètres démographiques, sociaux, familiaux et personnels agissent dans le processus d'adaptation. Par exemple, la situation financière, la satisfaction face à une nouvelle liaison amoureuse et l'âge du dernier-né influencent la manière dont une personne s'adapte ou non à son nouveau statut. Ces facteurs importants en eux-mêmes sont souvent interreliés, d'où l'appellation « facteurs multidimensionnels ». Ils illustrent la complexité du cheminement et la spécificité de chaque cas selon le contexte donné.[28] Le panorama étudié dans cette analyse met l'accent sur la diversité des cheminements liés à la désunion. Il en va de même pour la vie post-rupture qui peut prendre différentes formes. Dans un contexte favorable où le divorce est socialement et juridiquement accepté depuis environ un quart de siècle, la vie après la séparation s'avère facilement envisageable. C'est sur cette note que Café de Flore se conclut, présentant le mariage d'Antoine et de Rose. Vallée suggère que l'amour triomphe des batailles difficiles à livrer. À l'opposé, le réalisateur iranien montre un Téhéran où les libertés sont moindres : classes sociales divisées, principes accordés aux mieux nantis, restrictions imposées par l'islam, rapport homme femme inégal dans certaines tranches de la population, etc. La fin ouverte, caractéristique de plusieurs films d'auteur iraniens, force les spectateurs à trouver leurs propres réponses. Cette ellipse insiste sur l'impossibilité d'un compromis, d'un retour en arrière. Qu'importe ce qu'il adviendra, cette famille sera brisée. Yûko Tsushima avance l'idée que le regard des autres puisse nuire à une femme nouvellement célibataire à croire en l'avenir. La culture japonaise renvoie depuis longtemps l'image du mariage sacré, « rite de passage » pour la jeune fille qui devient une femme. Avoir des enfants lui confère par la suite la respectable condition de mère. Les mariages traditionnellement arrangés laissent aujourd'hui place à une plus grande liberté, mais la pression extérieure venant des amis, de la famille et du travail se fait encore sentir dans ce milieu conservateur.[29] Dans le dénouement, la narratrice semble optimiste face à l'avenir qu'elle s'est permis de choisir, ayant découvert qu'elle n'est pas la seule dans sa situation.

En somme, la famille demeure une valeur prioritaire au Québec, en Iran et au Japon, malgré les transformations des sociétés modernes. Lieu d'expression de l'affectivité et de l'identité, elle reste valorisée, car elle permet d'éviter la solitude et constitue un moyen d'évasion lorsque le monde extérieur devient trop inhumain. Ses fonctions protectrices et sociales lui confèrent encore un statut élevé.[30] L'analyse produite montre qu'après une séparation, ce n'est pas seulement la structure familiale qui est bouleversée, mais tous ceux qui en sont victimes directement ou indirectement. Cette réalité trouve écho dans plusieurs oeuvres contemporaines étant donné la pluralité des thèmes pouvant y être associés. Les deux films et le roman étudiés témoignent en effet de la diversité des causes et conséquences soulevées par cette épreuve. Les aléas de la vie et l'éloignement psychologique ou idéologique entre partenaires sont ici présentés comme des irritants à l'origine des crises conjugales. Dans un autre ordre d'idée, Café de Flore, Une séparation et Territoire de la lumière opposent les visions de ceux qui choisissent la rupture à ceux qui doivent l'accepter comme solution. Antoine, monsieur Fujino et Simin sont appelés par une nouvelle aventure, tandis que Carole, madame Fujino et Nadder restent perplexes devant leur décision. Les femmes ont, dans l'ensemble, plus de facilité à exprimer leurs émotions, alors que les hommes les gardent pour eux-mêmes. Tous les anciens partenaires gardent néanmoins une certaine réserve l'un par rapport à l'autre, c'est-à-dire qu'ils ont le réflexe de cacher leur vulnérabilité pour éviter de paraître faibles aux yeux de leur conjoint. Par ailleurs, enfants et proches ont aussi de la difficulté à accepter la séparation, se retrouvant impuissants ou impliqués malgré eux. Une séparation laisse entrevoir un avenir post-divorce peu lumineux étant donné la nature de l'enjeu, au contraire des deux autres propositions où l'espoir perdure. Finalement, les histoires racontées par Jean-Marc Vallée, Asgar Farhadi et Yûko Tsushima reposent d'abord sur les relations humaines. C'est ainsi qu'ils approfondissent leur réflexion sur différentes formes de séparation telles que le détachement de la mère envers son enfant, la division des classes sociales et la distinction entre hommes et femmes ou pères et mères. Des questions actuelles qui à travers l'art prennent un nouveau sens.



[1] C. Corbeil, F. Descarries, « La Famille: une institution sociale en mouvance » dans Nouvelles pratiques sociales, [article en ligne], p. 16. (site consulté le 5 février 2012).
[2] J-M. Vallée, Café de Flore, 1 h 13.
[3] M. Alain, Y. Lussier, « Impact psychologique de la séparation et du divorce », dans Santé mentale au Québec, [article en ligne], p. 59, (site consulté le 6 février 2012).
[4] F. Khosrokhavar, « La répression des mouvements sociaux en Iran » dans Études, [article en ligne], p. 730-731, (site consulté le 14 mars 2012).
[5] C. Kesser, et al., « Famille/Femmes/Mariage » dans Petit dictionnaire du Japon, p. 37-38.
[6] Y. Tsushima, « Territoire de la lumière » dans Territoire de la lumière, p. 19.
[7] C. Corbeil, F. Decarries, Op. cit., p. 16-17.
[8] J-F. Sabouret, et al., « Naître, grandir, vieillir/La famille japonaise de l'an 2000 » dans L'État du Japon, p. 124.
[9] F. Khosrokhavar, « L'Iran, la démocratie et la nouvelle citoyenneté » dans Cahiers internationaux de sociologie, [article en ligne], p. 305-309, (site consulté le 14 mars 2012).
[10] M. Alain, Y. Lussier, Op. cit., p. 61.
[11] J-M. Vallée, Op. cit., 1 h 28.
[12] (S.A.), « Figures de la famille/Japon » dans Le Courrier de l'UNESCO, p. 28 et 31.
[13] Y. Tsushima, Op. cit., p. 188.
[14] M. Alain, Y. Lussier, Op. cit., p. 61.
[15] A. Farhadi, Une séparation, 1min 30.
[16] La crèche désigne, au Japon, l'établissement où l'on s'occupe des jeunes enfants durant la journée pendant que leurs parents travaillent.
[17] Y. Tsushima, Op. cit., p. 58.
[18] Ibid., p. 80-81.
[19] M. Alain, Y. Lussier, Op. cit., p. 58-60.
[20] Y. Tsushima, Op. cit., p. 53.
[21] M. Alain, Y. Lussier, Op. cit., p. 65.
[22] C. Corbeil, F. Decarries, Op. cit., p. 23.
[23] A. Farhadi, Une séparation, 1 h 11.
[24] Y. Tsushima, Op. cit., p. 206 et 209.
[25] C. Kesser et al., Op. cit., p. 37-38.
[26] Y. Tsushima, Op. cit., p. 215-216.
[27] C. Corbeil, F. Decarries, Op. cit., p. 23.
[28] M. Alain, Y. Lussier, Op. cit., p. 61-62.
[29] C. Kesser, et al., Op. cit., p. 65-66.
[30] C. Corbeil, F. Decarries, Op. cit., p. 21.


MÉDIAGRAPHIE

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Zhea, D., Michael O'Connell, « Jodaeiye Nader az Simin », 18 janvier 2012 dans The Internet Movie Database— IMDb, [article en ligne], [s.l.], [http://www.imdb.com/title/tt1832382/news#ni21310514], [s.p.], (site consulté le 6 février 2012).


Films et vidéos

Asghar Farhadi, Une séparation, Iran, Métropole Films Distribution, 2011, 2h 03 mins.

Universicine, Asghar Farhadi : « Suis-je immoral? », France, 20011, [http://www.youtube.com/watch?v=YYR1lNMdE9E], 3 mins, (consulté le 14 mars 2011).

Vallé, Jean-Marc, Café de Flore, Québec et France, Alliance Vivafilm, 2011, 2h 00 mins.